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Pendant
l'été 2000, j'ai décidé de partir en Egypte pour connaître
ce pays pendant la chaude saison, et aussi pour préparer une exposition
prévue pour 2001 au Centre Culturel d'Egypte de Paris. Le sujet
en étant Assouan, j'ai passé trois semaines dans cette ville
et ses environs. Outre les passages obligés par Le Caire, j'ai aussi
un peu voyagé en faisant de brefs passages à Alexandrie sur
le chemin et au retour d'un séjour de quelques jours dans l'oasis
de Siwa qu'un Egyptien m'avait vivement conseillé d'aller voir avant
qu'elle n'ait trop changé. Elle avait sûrement déjà
pas mal changé. Parallèlement à ce travail photographique,
sur la lancée d'un atelier d'écriture effectué avec
Lorette Nobécourt, coucou Lorette, j'ai tenu un carnet de notes.
Le résultat de ces deux démarches parallèles (les
photos n'illustrent pas les textes et les textes ne commentent pas les
images) est le projet d'un ouvrage intitulé "Ouenta kouaïss"
qui n'a toujours pas trouvé d'éditeur. Voici un extrait de
ces textes:
"Agnabi" Etranger. Ici, on dit "agnabi". C'est ce qu'avait dit ce jeune garçon après avoir ouvert puis refermé - et entre les deux avoir passé sa tête par l'ouverture de - la porte de la pièce où Karim et moi faisions la sieste au frais : "Fi el agnabi o abou Hamada". Il y a l'étranger et le père d'Hamada. J'avais répété cette phrase et Karim avait claqué sa langue pour exprimer que j'avais bien compris, que ce que je venais de dire était juste. Etranger, c'est presque un statut administratif, comme partout ailleurs. Ici, cela peut signifier groupes, touristes et surtout convois pour se déplacer. Par-dessus le marché, je suis un étranger qui ne parle pas aux étrangers, ou presque. Voici trois semaines passées dans ce pays et il a fallu attendre avant-hier pour que j'échange mes premiers mots avec une occidentale, cette Suissesse dans le bateau de Karim, puis hier avec ce couple de jeunes Gallois dans le bus. Je me demande si je considère les étrangers comme des étrangers pour moi. Quand je vois un groupe de touristes, je me sens étranger à eux. Leur façon de vivre dans ce pays me paraît a priori étrangère. A moins que ce ne soit simplement étrange. A moins précisément que ce soit moi l'étranger et non eux. Je ne sais pas. Je ne sais pas où est la frontière entre ce qui étranger et ce qui ne l'est pas. Elle doit bien exister pourtant. Je ne sais pas l'étendue de la frontière que j'emporte avec moi, ni comment elle se déforme lorsque je me déplace. C'est peut-être là que se précise cette notion d'étranger, non pas dans une vision statique d'un contour bien marqué et à la rigueur matérialisé par un passeport, mais dans une vision dynamique avec la possibilité d'une déformation où cette frontière est malléable, voire soluble dans l'humanité. |
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